CAFERUIS

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Le métier file un mauvais coton, estime la FSU

Publié par Admin sur 5 Avril 2012, 07:33am

C'est un réquisitoire implacable que dresse le syndicat des travailleurs sociaux du secteur public affilié à la FSU. Dans "Le travail social entre les pauvres et les marchés", les syndicalistes détaillent tout ce qui déraille : management, restrictions budgétaires, remises en cause des méthodes... Un manifeste qui témoigne d'un malaise grandissant chez les professionnels.

On dit souvent qu'un dessin vaut mieux qu'un long discours. Il faut bien dire que les dessins réalisés par Placide dans le manifeste "Le travail social entre les pauvres et les marchés" qu'a écrit le Snuclias-FSU (1) sont assez "parlants". On y voit notamment (illustration ci-dessus) un travailleur social passablement surmené, enseveli sous les dossiers, se faire rabrouer par son "chef" qui lui assène un : "Vos dossiers sont incomplets. Il manque plein de pièces."


Le fond de l'air dans le travail social n'est pas à l'optimisme et les syndicalistes "territoriaux" de la FSU dressent un tableau sombre des conditions dans lesquelles les travailleurs sociaux sont amenés à intervenir. Ils dénoncent la dégradation des conditions de vie des personnes qu'ils côtoient au quotidien : allongement des durées de chômage et montée de la pauvreté, discrimination à l'embauche, mal-logement, précarité énergétique, "chasse aux pauvres"... Alors que la demande sociale s'accroit et se complexifie, ils constatent une lente mais inexorable dégradation des moyens qui leur sont accordés.

 

Critiques contre les collectivités territoriales

 

Dans tous les secteurs (logement, emploi, santé, personnes âgées et/ou handicapées, prisons...), les travailleurs sociaux se débattent dans d'insondables difficultés qui rendent leur action de plus en plus épuisante pour eux, sans déboucher forcément sur des "résultats". Le Snuclias-FSU constate les difficultés financières croissantes que doivent affronter les collectivités territoriales, mais ne les juge pas exemptes de critiques. "Les collectivités territoriales cèdent facilement à la logique libérale, se soumettent, à des degrés divers, aux injonctions du patronat et du gouvernement. Elles amputent leurs dépenses sociales, y compris celles qui sont obligatoires, et marchandisent des services sociaux". Et de critiquer la logique de l'appel à projets à laquelle sont soumises les associations.


Ce contexte de rétrécissement des budgets aboutit, selon la FSU, à de moindres exigences professionnelles. "L'un des moyens de faire faire plus avec moins de moyens est de multiplier les « faisant-fonction » par la création de métiers prétendument nouveaux (médiateurs divers, chefs de projets...), moins qualifiés, moins protégés, supposés plus malléables, visant sur le long terme à dégrader le niveau de qualité des services."

 

Bientôt des "opérateurs sociaux" ?


Le syndicat va plus loin car il dénonce un "nouveau management" dont la visée serait "d'imposer un travail social adapté aux contraintes budgétaires". Le changement de vocabulaire est ainsi pointé. "Au terme d'« accompagnement » tend à se substituer celui de « suivi » à connotation plus administrative et à celui de « prise en charge », celui de « prestation » emprunté au secteur marchand", détaille le manifeste qui ajoute, non sans ironie : "Le « travailleur social » devient ainsi « intervenant social ». Peut-être bientôt parlera-t-on d'« opérateur » pour qualifier les métiers du social, comme on qualifie désormais le salarié exécutant. "Mais ces évolutions sémantiques ne seraient rien si le management des gens n'avait pas profondément changé. Le syndicat critique l'individualisation forcenée qui est conduite et les effets des réorganisations. "Elles déstructurent les collectifs de travail, font reculer l'entraide, le soutien entre pairs, la résistance collective et favorisent la concurrence entre les salariés, le «sauve-qui-peut » individuel. "

 

Perte d'identité professionnelle


Le manifeste fait, par ailleurs, un lien entre ce type de management et le désarroi de nombreux professionnels. "Ce management génère la perte d'autonomie et de créativité indispensables. En découlent la souffrance professionnelle, le désengagement, le repli individualiste et la perte d'identité professionnelle." Sont notamment mis en cause les hiérarchies de plus en plus pesantes, les logiques bureaucratiques d'évaluation alors même que l'esprit d'initiative des agents est - officiellement - valorisé.

Ce tableau n'est en soi pas vraiment nouveau, mais sa volonté d'englober l'ensemble des éléments - du contexte politico-social à l'exercice concret du métier - en fait un élément symptomatique pour comprendre les ressorts profonds du malaise dans le travail social. En attestent les divers témoignages recueillis dans ce manifeste. Par exemple, celui de Martine "35 ans, assistante sociale (Aude)" : "Face à des adolescents aux difficultés multiples, avec des histoires familiales très dures, nous devons intervenir avec de moins en moins de solutions d'accueil adaptées... Les lieux de vie alternatifs manquent et ne sont plus pris en charge financièrement dans un souci d'économie. "


(1) Syndicat national unitaire collectivités locales - Intérieur - Affaires sociales, affilié à la Fédération syndicale unitaire. 
Source : TSA
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