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Risques psychosociaux dans le médico-social : facteurs et actions préventives

Publié par Admin sur 23 Novembre 2011, 13:18pm

Catégories : #Infos

1. Le secteur médico-social en souffrance: quels facteurs de risques ?

Stress, mal être, épuisement, troubles musculo-squelettiques...Si les risques psychosociaux touchent de nombreux secteurs, le secteur médico-social n'est pas épargné, comme l'ont montré les acteurs du secteur réunis jeudi dernier lors du colloque organisé par Chorum, la mutuelle dédiée aux acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS). Quels sont les facteurs de risques ?

Une dégradation des conditions de travail importante 

Qu'ils soient directeurs d'établissements, aides-soignants, éducateurs, infirmiers, membres de CHSCT, ils sont de plus en plus nombreux à signaler des phénomènes de malaise au travail. En cause : les conditions de travail. Le secteur sanitaire et social dépasserait même le secteur du BTP en termes de troubles musculo-squelettique (TMS) en Ile-de-France, selon Amandine Dubois de l'Oeth (Association sur l'obligation d'emploi des travailleurs handicapés).
De manière globale, une majorité des professionnels du secteur fait état de conditions de travail dégradées, parlant de « perte de repères au travail », « perte du collectif de travail », de « sentiment de ne pas pouvoir toujours accomplir son travail » etc. D'où viennent ces maux du travail ? Des facteurs organisationnels, mais aussi de management et des facteurs propres au secteur jouent.


Des risques psychosociaux propres au secteur médico-social 

Comme le souligne Emmanuelle Paradis, chef de projet Prévention et Santé au travail au sein de Chorum (1), « le secteur médico-social a des spécificités propres qui doivent être prises en compte ». En effet, les métiers du médico-social se caractérisent par un certain nombre de facteurs de risques psychosociaux reconnus. Deux facteurs de risques liés aux exigences de ces métiers sont particulièrement identifiés : le temps de travail et la dimension émotionnelle. « Les changements d'horaires fréquents, le travail de nuit, le travail le dimanche et les jours fériés caractérisant certains métiers du secteur ne sont pas sans impact sur la santé », précise Mme Paradis. Le temps de travail peut alors devenir un facteur de risque psychosocial à partir du moment où il perturbe la vie familiale et sociale.


Même chose s'agissant de la dimension émotionnelle, très forte dans ce secteur caractérisé par la relation de service et le contact régulier avec le public. Et il ne s'agit pas ici de n'importe quelle relation de service, mais d'une relation d'aide et d'accompagnement de personnes en souffrance physique ou psychique avec une autonomie restreinte.


L'impact de l'élément organisationnel

Si la prévention des risques professionnels n'est pas toujours adaptée dans le secteur médico-social (accidents du travail rarement analysés en fonction des causes, consignes de sécurité centrées sur les résidents et laissant de côté les professionnels, etc.), un certain nombre de risques découle directement de l'organisationnel. « Les rythmes de travail souvent uniformisés (levers, toilettes, couchers, repas) induisent notamment une surcharge de travail perçue et s'opposant à une prise en charge individualisée des résidents », indique Olivier Raquin, ergonome au sein du cabinet Ergonalliance. "Et le fait que les métiers de ce secteur soient caractérisés par une demande immédiate et continue entraîne un risque élevé de stress chronique".


D'autre part, le passage progressif à une culture de l'écrit est vécu comme une charge supplémentaire pour certains professionnels, d'autant que cette charge ne s'accompagne pas forcément d'un temps de travail dédié.
Par ailleurs, il faut dire que les populations de résidents sont très différentes et sont donc en opposition à l'uniformité des formations initiales. "L'absence de parcours de tutorat et d'intégration formalisés pour les nouveaux embauchés est également une lacune en matière d'organisation", ajoute M. Raquin.


(1) Chorum est la mutuelle de protection sociale complémentaire dédiée aux acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS).

 


2. Risques psychosociaux dans le médico-social : les actions de prévention

 

Face à la croissance des risques psychosociaux (RPS) et à un certain sentiment d'usure dans le secteur médico-social, les professionnels du secteur tentent de trouver des solutions. De la prévention primaire, à la formation, tour d'horizon des démarches et pratiques mises en œuvre.

Le secteur médico-social connaît aujourd'hui de profondes mutations, du fait de l'évolution de la réglementation ou encore des pathologies des usagers de plus en plus lourdes. Entraînant une augmentation de la charge et de la complexité du travail, et des exigences toujours plus importantes. Que faire face à la montée en puissance des risques psychosociaux dans ce secteur  et à une certaine banalisation des risques ?

La mise en place de politiques de prévention et des mesures concrètes, relevant la plupart du temps du bon sens, sont indispensables afin de mieux identifier les risques, les repérer et ainsi les éviter. Tour d'horizon suite au colloque organisé la semaine dernière par Chorum, la mutuelle dédiée aux acteurs de l'économie sociale et solidaire (ESS).

Quand mettre en place une démarche de prévention ? 

Un turn-over anormalement élevé, des absences régulières, l'augmentation de la violence…Ces événements ne sont pas anodins et doivent mettre la puce à l'oreille.
En effet, il est important d'agir avant la survenue d'atteintes à la santé, sur la base d'alertes sur le climat social mais aussi sur la base de l'engagement de salariés. La prévention "primaire", tenant compte des situations de tension liées à la nature de l'activité et à son contexte, "permet une efficacité à plus long terme", souligne Emmanuelle Paradis chef de projet Prévention et Santé au travail au sein de Chorum.

Mais une démarche de prévention peut également être lancée dans l'hypothèse de situations conflictuelles. Le recours à un tiers (médecin du travail, inspecteur du travail, ingénieur-conseil ou contrôleur de sécurité de la Carsat, experts agréés CHSCT…) pourra ici être utile, ne serait-ce pour aider à l'objectivation de la situation.

Assurer une veille sociale

Mais pour identifier les risques, encore faut-il être capable de les repérer. D'où l'importance de "définir et utiliser des outils et des indicateurs RH plus riches". "Dans la majorité des établissements, on constate une faiblesse des indicateurs ; lorsqu'un salarié se fait mal au dos en manipulant un patient par exemple, il faut savoir pourquoi et dans quelles circonstances cela est arrivé, pour savoir comment éviter ces incidents", indique Olivier Raquin, ergonome au sein du cabinet Ergonalliance. "Il est donc nécessaire de disposer d'indicateurs sociaux homogènes, des outils de communication interne ou encore des outils de gestion des compétences pour assurer une véritable veille sociale", insiste M. Raquin. Il est aussi important de "garantir l'homogénéité des pratiques dans un cadre pluridisciplinaire", ajoute-t-il.

Améliorer les outils de prévention 

C'est donc après la phase d'identification des risques que pourra être pensée la prévention des risques professionnels et qu'une véritable dynamique de prévention associant tous les acteurs concernés pourra être créée.

Cette démarche de prévention pourra se traduire notamment par une réactualisation du document unique (DU), la constitution de groupes de travail débouchant sur un plan d'actions, ou la formation d'animateur de prévention TMS (troubles musculo-squelettiques). Jérôme Léglise, élu CHSCT, explique ainsi l'importance des formations de sensibilisation des professionnels à savoir se comporter et réagir lorsque l'on sent une situation s'aggraver, pour éviter les "clash".


Un guide pour accompagner les structures du médico-social
 Après avoir accompagné pendant un an plusieurs de ses adhérents dans la mise en place d'une démarche de prévention, Chorum a élaboré un guide méthodologique.
La méthode proposée est basée sur la co-construction : salariés, CHSCT, personnel encadrant font remonter des informations pour construire des objectifs partagés par l'ensemble de la structure. Des groupes de travail sont formés, pour apporter des solutions aux problématiques identifiées.
Composé de cinq parties, et complété de "fiches-repères", le guide apporte des éclairages sur les typologies de risques et présente les étapes fondatrices de la mise en place d'une démarche de prévention, illustrée par des exemples.

 

Source :TSA

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